Cette représentation reprend les grands indicateurs du métabolisme territorial, avec les entrées sur le territoire (extraction de matières, importations, flux d'équilibrages), les sorties (émissions vers la nature, exportations, flux d'équilibrages) ainsi que le stock de matières. La partie « recyclage et valorisation » est indiquée sur le graphique bien qu’elle ne soit pas considérée comme une entrée ou une sortie. On retrouve les émissions vers la nature, au-dessus de la région afin de rappeler la prépondérance des émissions dans l’air.
La différence entre les entrées et les sorties de matières permet de mesurer l’addition nette au stock qui sera additionnée au stock existant sous forme d’infrastructures diverses.
Ce synoptique a pour objectif de vulgariser les résultats et de constituer une illustration globale du système socio-économique normand. À travers ce dernier, nous sommes en capacité de dresser un bilan complet du territoire normand en indiquant les quantités par type de flux et exprimées en millions de tonnes. Ce bilan a permis de mettre en évidence des flux de matières à forts enjeux (risques d’approvisionnement, résilience territoriale, importance de la région à l’échelle nationale…) et de potentielles incohérences comme l’importation de matières présentes en Normandie.
Comme évoqué précédemment, plusieurs conclusions peuvent être mises en évidence avec cette illustration.
Premièrement, ce travail conforte la place extrêmement importante de la filière agricole et de la construction dans la mobilisation de matières sur le territoire. En effet, la biomasse issue de l’agriculture et les minéraux non-métalliques, majoritairement destinés au secteur de la construction, représentent à eux deux 95 % des extractions intérieures utilisées (près de 39 Mt) en Normandie. L’analyse des flux associés à l’extraction de matières a également mis en évidence la part surprenante (47 %) des extractions de matières dites inutilisées au sens socio-économique du terme. Ce sujet mériterait d’être creusé pour déterminer la part réellement valorisable de ces extractions. Par exemple, une partie des résidus de récolte agricoles est considérée comme inutilisée, alors que son rôle est primordial pour la régénération des sols.
Deuxièmement, une forte prépondérance des importations de combustibles fossiles (31,9 Mt soit 46 % des importations normandes) impactant fortement la balance commerciale physique normande a été identifiée. Cette forte dépendance est principalement due à l’aspect industriel de la région, notamment l’axe Seine accueillant plusieurs raffineries importantes. Au total, en 2022, 70 Mt de matières ont été importées en Normandie, nettement plus que les 52 Mt de matières exportées sur la même année.
Enfin, le troisième point qui ressort de ce bilan porte sur le poids des émissions de matières vers la nature, largement dominées par les émissions de polluants dans l’air. Au total, la pollution atmosphérique représente 74 % des émissions vers la nature. Ces dernières sont principalement issues des activités humaines présentent sur le territoire, notamment les activités industrielles. Les émissions de CO2 représentent à elles seules 54 % des émissions totales, et 74 % des émissions dans l’air en Normandie.
Pour conclure, ce travail permet d’illustrer le système socio-économique normand sur une année donnée en mettant en avant ses besoins, ses dépendances, ses forces, faiblesses, etc. Son actualisation à intervalle régulier permettra de mettre en évidence l’évolution des flux de matières normands et de dépasser les limites méthodologiques identifiées lors de la première réalisation de cette analyse de flux de matières.